Du sable, des routes défoncées, des cités magiques, du mouton et des voitures blanches. Résumé de notre voyage en Ouzbékistan... 


On a l'espace d'un instant voulu faire un spoil et finir cet article, là. Avant même qu'il est commencé. Mais on n'a pas résisté à l'envie de vous raconter. En plus, on vous connaît bien trop les curieux et on aurait été noyé sous un tas de commentaires bien assassins. Pour les plus fidèles lecteurs qui ont lu l'article précédent, fin du suspens. Nous avons enfin réussi à monter dans le ferry du professor Gul. Après 25 h de traversée à partager des pâtes au poulet avec des routiers russes, nous avons foulé le sol du Kazakhstan, passage obligatoire pour rejoindre l'Ouzbékistan. On ne commentera pas les formalités de la douane kazak,qui visiblement idolâtre encore l'administration soviétique.


On n'a pas fait 5 mètres au Kazakhstan qu'on a déjà des choses à vous raconter. On passera rapidement sur la perte de la carte bleue et la roue de secours qui explose et que nous changeons à Beynau dernière ville, avant comme Florent Pagny, de traverser le désert. Au menu des deux jours suivants : poussières, couinements mécaniques et pistes horribles. Bilan : 170 km en 8 h de route, soit 20km/h de moyenne, pointe de vitesse 40 km pendant pas plus de 27 s. Le conducteur est exténué ! Nous l'avons élu sans hésiter la pire route de nos 15 000 bornes, on touche du bois... La route nous a contraint à un campement pour la nuit dans le désert, nous apprécions cependant le cadre et le calme de cette nature aride et nous endormons sous un ciel magnifiquement étoilé.



Le lendemain, nous apercevons enfin de la vie. Nous arrivons aux abords de la ville de Noukous. Après deux jours à avaler littéralement de la poussière, nous trouvons un hôtel dans le but de procéder à un dépoussiérage en profondeur et profiter d'une bonne douche chaude. Système archaïque par excellence, l'Ouzbékistan oblige ses touristes à s'enregistrer : il faut comprendre par là que l'on doit payer une chambre d'hôtel pour y dormir et recevoir en échange un post-it avec le tampon de l'hôtel attestant notre présence dans l'établissement. Après quelques témoignages lus ou entendus, pas questions de plaisanter. Toutes les 3 nuits, nous nous enregistrerons dans des chambres plus folkloriques les unes que les autres, pour un montant souvent excessif contenu de la prestation. On a souvent l'impression de dormir chez mémé pour 30 dollars tout de même ! Les hôteliers en profitent... Mais plus pour très longtemps apparement !


En route vers Khiva, nous nous arrêtons à la réserve de Badaï Tugaï qui, à la vue des centimètres de poussières sur le sol, s'avère être fermé depuis un moment. Merci pour les infos à jour du petit futé ! Devant notre dépit, une famille ouzbèke habitant dans les parages nous invite à rester près de leur maison pour la nuit. Nous partageons notre repas avec Daniel le petit dernier de la famille, qui est ébahi par notre table pliante et goûte en grimaçant la moutarde. Du désert, la voie lactée s'offre à nous et nous partageons le spectacle avec une bande de cerfs venue de la réserve d'à côté. Nous reprenons la route le lendemain après un échange de petits cadeaux et arrivons enfin à Khiva, la plus petite des trois cités mythiques de la route de la soie, entièrement restaurée par les Russes. Nous découvrons avec plaisir ces villes dont nous avions un maigre aperçu pendant la préparation de notre voyage sur l'internet. La ville bien que magnifique est un peu aseptisé, quasiment plus aucun Ouzbek ne vit à l'intérieur de la forteresse. Heureusement de la vie, il y en a, nous arrivons juste pour la fête du melon, authenticité garantie. On se délecte visuellement de toutes ces mosquées, dômes, minarets et portes de madrasas, entièrement ornés de mosaïques aux nuances de bleu. La ville bien que magnifique est un peu aseptisé, quasiment plus aucun Ouzbek ne vit à l'intérieur de la forteresse. Il faut avouer que c'est grandiose !



Avant de reprendre une nouvelle fois la route, nous devons faire face à un problème de taille, trouver du diesel. À contrario de chez nous, ici toutes les voitures roulent au gaz. Il n'y a aucune station diesel (officiellement), donc il faut chercher. Nous nous retrouvons à sonner chez des particuliers que l'on nous a indiqués pour savoir s'ils n'auraient pas du diesel à vendre. Cocasse ! On fini par trouver chez une vielle dame l'élixir fait maison livré dans des bouteilles en plastique 10L. Nous en prenons 4 et la propriétaire septuagénaire insiste pour nous les verser sans assistance dans le réservoir. Celle-là, elle restera gravée. Aussi, depuis notre mauvaise expérience dans le pays précédent, on filtre consciencieusement tout le Jaja que Jeannot ingurgite : un filtre à café et un tuyau, l'affaire est réglée, direction Boukhara !



Deuxième cité, deuxième merveille, plus grande, peut être encore plus belles quoi que différente. Les portes des anciennes écoles coraniques sont encore plus imposantes et leurs décorations mosaïquées plus fines et plus nombreuses. Nous sommes sortis du sentier touristique pour nous perdre dans le gigantesque bazar de la ville. On y a déniché des tissus et épices et savouré dans un boui-boui local bondé des femmes aux foulards des délicieux samoussas devant une télé novela turque mal doublée. 

Courte pause dans le récit pour un point culinaire de rigueur. L'Ouzbékistan est connu pour sa culture du coton et pour l'utilisation son huile pour cuire/frire tous les aliments sans exception. Cette huile est, pour nos fragiles estomacs de blanc-bec, difficile à digérer. On vous passera les détails, mais on a bien ramassé. Le combo, c'est l'utilisation dans toutes les soupes et plat du gras de mouton... Là encore, on en a chié ! Outre ces petits désagréments, on s'est quand même gavé de brochettes de mouton grillées, de mentis (grosses ravioles fourrées) et de plov, le plat traditionnel composé de riz et de mouton. On a trouvé au marché une grande variété de fruits secs à des prix donnés et on validé l'utilisation outrancière de l'aneth et de la coriandre apportant un peu de fraîcheur à la lourdeur des plats.


L'arrivée à Samarcande se fait le stock plein et le ventre bien rempli. En fin de journée, la lumière d'un soleil rouge vif sublime les portes gigantesques de la place du Registan. On visitera la majeur partie des madrasas, mausolées, mosquées comme un musée à ciel ouvert. Une grande partie a été restaurée, car de nombreux bâtiments étaient dans un état lamentable. Le travail de restauration a été colossal et est extrêmement bien réussi. On prend plaisir à s'imaginer à l'époque faste de la cité. Nous sommes tirés de nos rêveries par les billets qui nous sont soutirés à chaque entrée. Malgré ça Samarkand reste la cerise sur le gâteau. Nous n'imaginions pas ce pays ainsi, car loin d'avoir été déçu par la découverte des villes principales de la route de la soie, il a été difficile de découvrir d'autres lieux et de trouver des bivouacs sympas en dehors de sentiers battus.



Nous avons avancé très rapidement dans notre programme, c'est pourquoi pour rejoindre Doushanbé (Tadjikistan), nous décidons de nous éterniser et nous prenons l'option du sud. Il parait que c'est beau... On passera rapidement sur le sujet, car aucun intérêt particulier n'est à retenir. Seule la jolie route bordée de canyon au sable rouge pour y arriver est notable. On a surtout vite repris la route devant la détresse de mamie, inquiète que nous soyons à moins de 100 m de la frontière afghane. Encore et toujours la platitude du désert... Vous n'imaginez même pas l'état d'excitation des deux franscous dans le camion à la vue des hauts-reliefs du Tadjikistan pointant son nez dans le ciel, à quelques kilomètres de la frontière.