Nous y voilà ! Dernier pays avant d'arriver au mur que représente la mer Caspienne. Dernier pays avant d'être "loin", où les contrées, Kazakhstan ou Ouzbékistan font peur à nos grand-mères (et vieilles tantes) bienveillantes. Nous arrivons à la frontière du nord sous une chaleur record, où même à l'ombre l'eau coule des pores de la peau rougie. Nous nous acquittons d'une "road taxe" et d'un non-problème d'assurance, un énième, qui met notre patience à l'épreuve. Après deux heures de négociation, le douanier décide "enfin" d'appeler ses supérieurs ou un bureau d'assurance, nous n'en savons rien, toujours est-il qu'il nous rend nos papiers, tout est ok. On nous signale aussi que malgré un visa de 30 jours, on nous accorde que 14 jours d'autorisation de rouler avec notre véhicule. Sous le prétexte qu'il est trop vieux...


Départ en trombe sur les routes où l'on constate immédiatement que ce pays est plus riche que la Géorgie. Les routes, du moins les principales, sont comme neuves. Des lampadaires sont disposés à tous les deux mètres et les 4x4 sont partout.. Mais qui peut bien payer tout ça ? Le pétrole. L'Azerbaïdjan est un pays producteur et à la vue du prix de notre premier plein, nous sommes hystériques, 13 € soit 0,30 € le litre. La première partie ouest du pays est dans la continuité d'une Géorgie verte où nous essayons avec plus de mal que de bien d'aller voir des chutes d'eau, mais nous abandonnons vite à la vue des rivières asséchées. Le premier arrêt se fait donc à Sheki, où l'on visite le petit, mais étonnant, palais du Khan richement peint. Nous dégustons pour la première fois une soupe de viande de mouton, appelée tipi, grasse et forte en goût de biquette: estomacs sensibles s'abstenir !


Deuxième arrêt sur lequel nous misions beaucoup, le village de Lahic. Plusieurs sources nous ont confiées que l'on y bat le fer depuis plusieurs générations. Alors effectivement, on y a trouvé quelques boutiques.. En effet, on y tape le fer, mais on a été déçu ! Les tavernes de souvenirs touristiques se sont développées beaucoup plus que celles des artisans, dans lesquelles on trouve sensiblement toujours les même produits. À cela, s'ajoute l'impossibilité pour des touristes de sortir du pays avec des objets anciens, les seuls objets ayant du charme. Nous rebroussons donc chemin par la route enchanteresse cabossée, qui nous assure un bon échauffement pour la Pamir Highway !



S'en suit le jour de la dite éclipse. Nous sommes positionnés idéalement dans le désert du Gobustan à plus de 100km de Bakou où aucun nuage ne viendra troubler l'observation. Nous veillons tard et sommes accompagnés d'une grande famille azéris pour l'occasion. L'ombre croque la lune, les couleurs tournant au rouge orangé. Le spectacle ravit petits et grands.


Un peu sous pression, nous prenons la route tous les jours afin de ne pas avoir à payer une grosse amende à la sortie du territoire pour cause de visa dépassé. Avant de se jeter à l'assaut de la capitale, nous passons deux jours sur la presqu'île d'Asheton. Nous retrouvons la mer et profitons de la chaleur pour faire trempette ! Bakou est un mélange de modernité, de luxe et de faste en son centre et de dépravitude en périphérie. Comme à Tbilissi, les architectes semblent avoir eu carte blanche. Les bâtiments sont encore plus grands et plus futuristes que ceux de la capitale Géorgienne. Le vieux centre est agréable. Nous nous promenons avec plaisir entre les dédales de petites rues qui mènent vers les différents palais et mosquées. Nous profitons également du bord de mer aménagé qui offre un vu sur la ville et de l'air. Notre séjour prend fin. Nous arrivons au moment fatidique, la traversée de la mer Caspienne. Enfin, c'est que nous avions prévu lors de notre départ de Bakou, se rendre au port. C'était sans compter sur quelques petits accrocs.



En partant pour rejoindre le port d'Alat, lieu de départ de la traversée Azerbaïdjan-Kazakhstan en ferry, nous tombons en panne. Pré-filtre encrassé pour les connaisseurs. Après un bref nettoyage, le camion ne démarre plus. Une bande de mécanos vient à notre secours. Seulement, nous nous apercevons rapidement de l'amateurisme de ces bonshommes. Pris de cours, pas d'assistance possible, nous les laissons faire. Leur conclusion : pompe à gasoil morte, introuvable ici, on nous dit ! Abattus, nous jouons notre dernière carte. Nous faisons remorquer notre camion chez un pote du pote à un cousin du mec de chez Harley-Davidson, chez qui nous nous étions réfugiés pour prendre un peu de wifi et qui apparemment réparent les vieilles Mercedes. On y va parce que de toute façon, c'est ça ou prendre un vol retour. Surprise, ces types-là sont des perles dans leur domaine. Ils sont 6 ou 7, à chacun son petit coin, à chacun sa spécialité, réunis dans un endroit que l'on pourrait qualifier de... Glauque. On n'y viendrait pas le soir traîner. Ces gueules cassées remontent des voiture de À à Z et autant dire qu'ils touchent. En 5 min, notre Jeannot tousse et redémarre.

Mais Amil, nous fait comprendre que le réservoir doit être nettoyé, tout le circuit est encrassé. Rendez-vous pris le lendemain midi. Encore une fois, nous arrivons sur une dépanneuse ce qui ne manque pas d'amuser la galerie. Nous sommes infiniment reconnaissants envers cette équipe qui nous ont littéralement sauvé le voyage. Le réservoir, la pompe et tout le circuit est rempli d'une crasse vaseuse due à un très mauvais diesel pris dans une station sur notre parcours. En attendant que tous soient nettoyés, Iskender nous invite à manger et nous discutons par traducteur avec le neveu kenen, gamin de 12-13ans, curieux et intéressé par nos vies ! Une photo et d'énormes remerciements, nous fonçons vers le port pour attraper le prochain ferry.



Le ferry du port d'Alat c'est un peu le mythe du voyageur. Il parait qu'il viendrait à bout des plus endurcis, des routiers les plus patients. Nous avons lu des tonnes d'informations sur cette traversée, jamais les mêmes, rarement les bonnes. Nous arrivons assez rapidement à régler notre billet, mais mettons plusieurs jours à avoir notre ticket d'embarquement. Arrivés sur place, nous constatons que plusieurs équipes du rallye mongole sont là. Se joignent à eux des cyclistes, des voyageurs à pied et des routiers qui patientent avec une drôle d'expression sur le visage. Ce que l'on va vite comprendre, c'est que les informations données par les différents bureaux du port sont multiples, souvent contradictoires, et rarement vraies. Le seul mot maîtrisé en anglais est "Tomorrow". Mais voilà, certains sont là depuis plus d'une semaine déjà...


À l'heure qu'il est, on est entame notre 4e jour d'attente. La bonne nouvelle, c'est que notre bateau, coincé au large depuis quelques jours, est arrivé au port ce matin. La mauvaise nouvelle, c'est que cela fait déjà plus de 6 heures et que nous sommes toujours sur ce foutu parking. Le gang des Mongoles rallye tournent en rond et désespère. Il cherche l'info sans discontinuer en vain. Heureusement que le but de cette course est de participer et non pas de gagner. Les voyageurs à vélo, à pied et moto, les plus mal équipés, sont en constante recherche d'ombre et arrachent quelques heures de sommeil à même le sol. Enfin les routiers, eux, se contentent une fois la nuit venue, de trainer en groupe bide à l'air, t-shirt jeté sur l'épaule, arborant leurs plus belles dents en or. On leur décernerait bien volontiers la palme du mérite pour ce travail et cette attente d'une vie.


On espère ne pas avoir à poursuivre cet article trop longtemps. Mais comme vous l'avez compris notre périple en Azerbaïdjan est à l'image de récit : on n'y voit pas la fin!