Nous entamons un tournant dans notre voyage. Notre arrivée en Turquie marque la sortie de l'Europe que nous traversons depuis trois mois et l'arrivée en terra incognita sur le continent asiatique. Flashback sur notre traversée de la Grèce du nord.


Nous avons fait le choix de ne découvrir que la Grèce du Nord pour ce voyage. Très accessible depuis la France, un futur voyage nous permettra d'aller à la conquête du sud et des îles des cyclades qui font temps rêver. Les premiers pas dans le pays sont prometteurs. Une première crique nous donne un petit aperçu de ces atouts non négligeables: chemins chaotiques, eau limpide, sable chaud et fin, soleil atomique et fond marin idyllique. Le cocktail grec d'entrée de jeu nous séduit. On s'est laissé avoir par les "on dit" sur l'île de Corfou. Bien qu'en hors saison, on ne vous la recommandera pas. La vieille ville jolie est complètement polluée par les magasins de souvenirs qui dégueulent sur les façades de charme leurs chinoiseries. Les plages prometteuses n'en sont rien. Bien que nous ayons trouvé quelques jolies villages isolés, la journée est plutôt décevante face au mythe de l'île. Nous quittons alors la côte pour les gorges de Vikos. La nature y est brute. Première impression confirmée par l'office du tourisme du parc qui nous déconseille le camping sauvage, la région étant connu pour ses ours. Winnie l'ourson butinant sûrement son miel, nous enfreignons ce conseil. Les gorges s'avèrent être d'une puissance majestueuse. Plusieurs petites marches nous conduisent à des points de vue sur les gorges à couper le souffle; on s'en prend pleins les mirettes. Après cette escapade nous reprenons la route. Ca faisait bien longtemps que Jeannot ne nous avait pas fait une petite misère. Sur l'autoroute, c'est la tuile ! Le pommeau de vitesse résiste à la 4ème et la 5ème ne passe pas. Nous prions notre talisman et entamons à allure d'escargot les 6 kilomètres qui nous séparent de la prochaine sortie. La panne est simple, un plastique de la taille d'une pièce de 20 cts à céder, faute à l'usure de notre vieux compagnon. On nous présente un devis salé pour les réparations, on serre les dents lâchant quelques grossièretés en français avant de reprendre le volant. Direction les Météores.


Le mysticisme du lieu à notre arrivée est exacerbé par le brouillard et la pluie, ce qui nous exalte au plus au point. Les météores sont de très hautes formations rocheuses un peu phalliques où les moines ont construit en leur sommet des monastères. On y monte par des escaliers creusés dans la roche. Il faut quand même se dire qu'à l'époque un pelo d'hermite à quand même eu l'idée d'escalader ces espèces de pains de roches pour venir s'y réfugier et prier. On aime faire des constats dans le genre, ça aide à se rendre compte à quel point l'homme est un peu barge dans sa nature. Ne nous demandez pas comment ces rochers ce sont formés, on n'en sait rien. c'est tout simplement surprenant et majestueusement incroyable.


Depuis plus de deux mois sur la route, on avait besoin de faire un petit break. Nous avons décidé de mettre nos services à disposition en échange du couvert et du logis. Nous avons trouvé une auberge de jeunesse dont le proprio était prêt à nous accueillir pour 10 jours. On a redonné un peu de vie à son jardin et à sa maison mal en point depuis l'hiver. Periklis est un personnage dont on n'a pas cerné toutes les facettes, très présent par son absence. Nous avons fait grâce à l'auberge des rencontres bien plus sympa notamment un anglais clownesque à l'humour authentique britannique qui va avec. Située près du mont Olympe, la plupart des visiteurs de l'auberge viennent pour réaliser l'ascension du plus haut sommet de Grèce, que nous avons nous aussi tenté de gravir. Après la nuit au refuge à 2000m d'altitude, les derniers kilomètres qu'il nous reste à croquer ne sont pas des plus faciles. D'énormes congères de glace nous barrent le chemin. Leurs traversées demandent de l'habilité sous peine de ne pas ressortir indemne d'une glissade à pic entre sapin et rochers. Nous passons sans trop de difficultés. Mais la marche pour arriver au refuge à réveiller de vieilles douleurs et le genou gonflé de Marion nous oblige à rebrousser chemin dans la dernière ascension. C'est forcément un peu déçu que nous entamons la descente s'attardant à certains points de vue où le spectacle reste à couper le souffle.


À la fin de cette dizaine sédentaire, nous avions la bougeotte, pressé de reprendre la route. Thessalonique était notre prochaine destination. On a passé deux jours dans la plus grande ville du nord de la Grèce que nous avons adoré. On sent vraiment un esprit méditerranéen, des enfants courent jusqu'à tard dans les parcs, les familles se baladent le long de la mer, l'activité y est permanente, ça mange à toute heure et ça s'enterasse ! Il commençait à faire chaud, très chaud même pour un mois de mai, certainement pas loin des 30 degrés. C'était le moment idéal pour partir à la découverte des trois presqu'îles : Kassandra, Sithonia et Athos. Un saut de puce à Kassandra de loin d'être la plus belle, on s'est vite hâté vers Sithonia. Nous avons fait une grande partie de l'est. On était à l'affût des plus belles plages. On est même allé jusqu'à en faire 4 différentes dans la journée se disant que la prochaine serait encore plus belle. Certaines sont plus touristiques, plus ou moins grandes ou sauvages mais toujours une eau turquoise, claire, transparente et souvent déserte, le pied! La presqu'île d'Athos restera un mystère car elle est interdite au femme et nous on aime pas les machos. Avant d'arriver à Kavala, halte dans un ancien camps de vacances abandonné, où une horde de hippies ont investi les lieux et entretiennent les différentes sources d'eau chaude, de 30 à 40 degrés. Pas du tout rafraîchis, nous filons vers la ville où nous profitons une dernière fois de l'atmosphère et de la cuisine grecque, feta grillée et kebap yaourt local. Nous passons notre dernière nuit dans la ville la plus proche de la frontière, direction Istanbul à l'assaut de la Turquie.


Les Grecs ont un sens du tourisme et de l'accueil qui pourraient faire pâlir les Français. Chose surprenante, en passe de détrôner l'excellence allemande, tout le monde parle anglais: la caissière de 45 ans, le pompiste de 22 ou les maraîchers 70 passé. On arrive toujours à se comprendre. Tous le monde se bat pour arracher quelques euros tous les mois et vivre décemment. Certains restaurateurs ont partagé avec nous leur détresse de se voir être taxé, de voir leur charge s'alourdir un peu plus tous les mois. Et pourtant rien entache leur envie de partager. Une tournée de liqueur locale offerte puis une deuxième. On décline la troisième on risquerait de s'attacher.