Quoi vous êtes en Ukraine ? Vous êtes déjà en Europe ? À cette allure, vous serez là ce week-end pour l'apéro ? 

À tous ceux qui nous ont posé ou se posent ces questions, on décèle chez vous une origine un peu marseillaise. Les kilomètres parlent d'eux même, certes, 4 500 parcourus en deux semaines, c'est beaucoup. Mais on n'a pas pu échapper à ce passage éclair de notre voyage. On conseille aux infidèles de se référer à notre article précédent pour ne pas risquer d'ennuyer nos groupies. Et on vous rassure, désormais, nous reprenons notre allure d'escargot, la fin du voyage sera slow !


Bienvenue en Ukraine. On imagine déjà les râles de certains, jurant la sainteté. Bien évidemment, on n'est pas fou. Tenant à nos vies, nous avons franchi la frontière par le nord du pays afin d'éviter la région "dont il ne faut pas dire le nom" subissant quelques perturbations autre que météorologiques. Contrôles habituels et cordiaux aux passages de douanes, sans pressions particulières. Sur la route par contre, nous avons été contrôlé pas moins d'une dizaine de fois. Il serait plus aventureux de dire que la guerre oblige, mais se serait mentir, notre feu défectueux étant juste la cause. À chaque fois, nous avons évité les "rapportum", ce que nous avons traduit par amende. Dans ce grand pays de l'Europe, regnié de l'ouest et oublié de l'est, les Ukrainiens alternent entre le russe, la langue nationale et pataugent en anglais. À ne plus rien piger !


Direction Kiev. Pour arriver à la capitale, nous avons traversé des campagnes sensiblement identiques aux nôtres. À la différence que beaucoup de gens se déplacent à vélo, dans les villages, le long des nationales. On s'est demandé où ils allaient et ce qu'ils faisaient. Peut-être une habitude due à l'état des routes criblées de nids de poule. Après l'Ouzbékistan, nous, on ne s'en plaint plus. Les 3 jours prévus pour visiter la ville se sont transformés en 7. La ville historique est dynamique et recèle de choses à voir. À chaque jour sa petite découverte. Le deux semaines passées précédemment sur la route, nous a conforté dans cette pause longue. Nous avons exploré la cité jusqu'au bout de la ligne 2. Arrêt Lisova. Avis aux fashionistas, nous sommes tombés sur ce qui nous a semblé être la plus grande fripe au monde. Des entrepôts entiers remplis de vêtements en provenance... De chez nous. Il y en a pour tous les goûts et toutes les tailles, de la seconde main au tout neuf, avec marque ou sans, le tout à des prix ridicules. Notre plus belle trouvaille, une chemise vintage Ralph Lauren à 2 euros. On a profité de l'ambiance décontractée de la ville jusqu'au dernier moment. Il était impensable de repartir de Kiev sans avoir dégusté des mets typiques ukrainiens. Au menu de ce restaurant aussi incroyable qu'au nom imprononçable, les varenkiky, des ravioles fourrées à la patate et aux champignons de saison, mais aussi l'incroyable borsch, une soupe à la tomate agrémentée d'oreilles de porc, de prunes et de poires, le tout servi dans un chou ! Un régal pour les yeux autant que pour les papilles !




En route pour Lviv. Nous reprenons la route, enchantés par le pays. Retour des problèmes mécanique. Les 320 000 kilomètres au compteur sonnent l'alerte vigilance. Les pièces fatiguées commencent une à une à tirer leur révérence. On vous passe les détails du dépannage chaotique, des 7 heures d'attente, du dépanneur trop méticuleux et finalement incapable, de l'arrivée tardive au garage bien évidemment fermé et de l'assurance bonne à rien. Notre Jean entre deux bonnes-mains, on a fait d'une pierre de coup et on est parti à la découverte de Lviv. On avait moins le cœur aux visites, mais plus aux plaisirs épicuriens. Nous avons feignez - verbe venant de l'adjectif feignant inventé par un ami cubain, signifiant trainer, ne rien faire - à des endroits stratégiques de la ville. D'abord à lorgner la magnifique chocolaterie, puis à la boulangerie servant une spécialité de feuilletés fourrés avec une délicieuse compote de pommes et de fruits rouges, à la brasserie artisanale dégustant les bières locales, en terrasse dégustant du mauvais vin blanc et pour finir au cherry bar, comme son nom l'indique, servant des verres de liqueur de cerise. Jeannot en panne, il n'était pas question de prendre le volant, heureusement ! Encore une fois plus de peur que de mal, un filtre décrassé et un circuit purgé plus tard, nous revoilà ni une ni deux sur roue. 


Breaking news ! Désormais, nous ne serons plus 2 dans le camion, mais 3. Pas de fausses joies, nous avons fait l'acquisition d'une matriochka, ou plutôt 7. Entre les Russes et les Ukrainiens, la bataille de la paternité de ces petites poupées de bois encastrables à l'infini fait rage. Une chose est sûre, dans les deux pays, elles arborent sur les marchés leur plus beau motif coloré. Elle a trouvé sa place entre une bouteille de vodka russe et des tapis turques, attendant des jours meilleurs où elle sera mise en valeur. Elle fait désormais partie de nos souvenirs de voyage, qui au-delà de l'objet convoque le souvenir, qu'il nous tarde de faire partager.